moulmein - rangoon
Pour notre retour sur Rangoon, nous avons préféré le train au bus : même temps de trajet, 14 dollars en première classe, à peine plus cher qu’en bus climatisé mais surtout une autre expérience à tenter. En fait, c’est le pire train que nous ayons pris de tous nos voyages ! Ballottés sans arrêt de droite à gauche ou de haut en bas avec l’angoisse de dérailler à chaque instant, les sacs se pètent la gueule et le changement de wagon pour aller aux toilettes est digne des plus grandes cascades de cinéma... Un défilé continu de vendeurs ambulants assurent le show en vendant toutes sortes de nourriture jusqu’au canard laqué vendu entier ! Les beaux paysages de rizières éclatantes que nous longeons sont là pour nous faire oublier la sensation d’être un cocktail dans un shaker. A l’approche de Rangoon la nature fait place aux bidonvilles et aux immondices. 10 heures de transport au lieu des huit annoncées et nous revoici au point de départ de ce voyage qui restera mémorable.
Gare de Moulmein
île de bilu gyun
Journée d’excursion sur l’île de Bilu Gyun (« l’île des géants »), située en face de Moulmein. Nous atteignons le nord de cette grande île (30 kmsur 15) en 40 minutes de bateau par le petit village de Kaluin, où nous prenons place dans une carriole tirée par un cheval pour une escapade bucolique à travers les rizières, les plantations d’hévéas et les superbes petits villages disséminés le long de la route. Le lieu n’est pas du tout touristique, les habitants ne parlent pas un mot d’anglais, aucune carte ni indications pour trouver son chemin. C’est pour cela que nous avons préféré être accompagné d’un guide qui durant 4 heures de balade nous dégotera de superbes petites maisons d’artisans en teck, abritant de véritables micro entreprises de paillassons en fibres de noix de coco, d’ardoises pour écoliers ou encore d’élastiques à base de latex fournissant une partie du pays… Le contact avec les Môns peuplant l’île est très chaleureux et la visite très instructive.
Port de Kaluin
Fabrique de paillassons
Fabrique d'ardoises
Latex
Fabrique d'élastiques
Fabrique de stylos et de pipes en bois
Après un halte dans une maison thé, nous grimpons dans un vieux mais robuste bus en bois des années 30 afin de rejoindre l’autre côté de l’île et l’embarcadère du village de Not Maw. 45 mn de bateau et un tuk-tuk et nous voilà de retour à Moulmein.
Vieux bus en bois
Village de Not Maw
Moulmein
Aujourd’hui, nous nous consacrons à la visite de Moulmein, ville de 300 000 habitants située au bord du golfe de Matarban dans la mer d’Andaman. C’est une grosse bourgade charmante où il fait bon flâner. Nous débutons la visite par la minuscule île de Kyun Gaungse (ou « l’île du lavage des cheveux »), accessible en cinq minutes de bateau sur le fleuve Salouen. Cette île, principalement habitée par des nonnes est un lieu de prière et de méditation. Le stupa principal est entouré de 70 autres petits édifices religieux, de bouddhas et du puit sacré où les rois venaient pour la cérémonie du lavage de la chevelure royale car l’eau y est très pure. Ce lieu noyé dans une végétation tropicale aspire à la quiétude.
Île de Kyun Gaungse
Robes de moines et vaisselle séchant au soleil
La visite du centre-ville se résume à une longue rue très animée. C’est la rue des marchés, des mosquées et des vieilles demeurent coloniales anglaises. Les habitants sont –une fois de plus- très avenants, souriants et curieux.
Embarcadère
Mosquée
Marché central Zeigyi
Mosquée sunnite Kaladan et vieilles demeures coloniales
L’après-midi entier est dédié à la découverte de la « Colline des Pagodes ». Une succession de stupas dorés et de monastères se succèdent le long d’une route de crête offrant des vues sensationnelles sur les environs. La plus belle d’entre-elles, la pagode Kyaikthanlan construite en l’an 876, scintille de mille feux au soleil couchant. Un régal pour les yeux tout comme le panorama qui est à couper le souffle.
Sièste ...
Sièste ici aussi...
Pagode Kyaikthanlan
hpa an - moulmein
Départ ce matin pour Moulmein : 1h30 de bus pour les 60 km de trajet et un retour dans l’Etat Môn.
Cet après-midi nous avons décidé d’aller jeter un oeil au grand bouddha de Win Sein à 25 km de la ville. Pour celui qui veut économiser du temps et de l’argent, il est tout à fait possible de faire une impasse sur cet exemple de mégalomanie religieuse. Une allée bordée de centaines de statues de moines mène au plus grand bouddha couché du monde : 200 m de long, 34 m de hauteur sur 8 étages. Kitschissime à souhait ! On ne sait trop que penser en visitant cette chose monstrueuse. Serait-ce une farce résultant du seul délire de ce moine complètement frappé, qui avec les millions de kyats amassés grâce aux dons des croyants a fait construire cette atrocité en abusant de l’énergie et de la sueur de centaines de bénévoles ? Ou alors s’agit-il du premier Disneyland bouddhiste dans lequel on déambule dans l’antre du monstre, passant de salle en salle : 182 au total, faut être motivé. On y découvre des scénettes complètement poussiéreuses, parfois inachevées représentant la vie de Bouddha avec ses vilains monstres en enfer qui vous saisissent d’effroi… BRRR…le tout dans un véritable décor de chantier. Bref, on se demande ce que l’on est venu foutre ici. A la sortie de cet OVNI déjà délabré avant même qu'il ne soit terminé, les parents peuvent faire glisser leurs enfants sur de très longs toboggans en tôle rouillée qui les plongerons dans une eau marron et croupie, idéale pour les rafraichir car ici dans le sud c’est la canicule. C’était bien tentant mais nous avons oublié notre maillot de bain… En résumé, franchement pas terrible.
Win Sein
hpa an
C’est en compagnie de Ko Htwy, note chauffeur de tuk-tuk que nous allons visiter les environs de Hpa An, dont les majestueux pics karstiques nous rappellent étrangement la baie d’Along terrestre au Vietnam. A peine un kilomètre parcouru et c’est déjà contrôle des passeports… Les paysages que nous traversons sont de toute beauté. Nous faisons une première halte à la grotte de Kaw-Gon, un véritable bijou au pied d’une colline karstique. De nombreuses tablettes votives d’argile datant du VII e siècle tapissent les parois rocheuses de la grotte et une multitude de bouddhas jalonnent le parcours jusqu’à la l’intérieur de la caverne.
Grotte de Kaw-Gon
En route, tous les habitants que nous croisons nous font de grands signes avec de larges sourires. Ils nous envoient même des baisers avec leurs mains, craquant. Nous arrivons à la grotte Yateak Pyan dont la particularité est de receler un grand stupa dans son antre.
Grotte de Yateak Pyan
Nous traversons à nouveau la rivière Than Lwin … et les check points en direction du mont Zwegabin. Nous faisons une halte au petit monastère Kyaik-Ka-Lat construit au pied d’un piton rocheux à la forme singulière et coiffé d’un stupa doré. Situé au milieu des marais, il est entouré d’un paysage sublime de montagnes karstiques.
Monastère Kyaik-Ka-Lat
Nous poursuivons par la visite du Lumbini Garden et ses 1000 bouddhas au pied du mont Zwegabin, plus haut massif de la région qui culmine à 723 m.
Pêche miraculeuse
Après nous être régalés d’un délicieux riz frit…
… direction les grottes de Saddar à travers des paysages fabuleux de rizières verdoyantes. Un long parcours glissant traversant une succession d’immenses salles aux cris des chauves-souris, nous fait déboucher de l’autre côté du massif.
Grottes de Saddar
Une journée de visite exceptionnelle tant au niveau des paysages que des contacts humains très chaleureux.
Koh Htwy franchissant un pont en bois
kyaik hti yo - hpa an
A peine sortis de notre hôtel, deux porteurs nous proposent leurs services, quelle aubaine. Les mains libres et les épaules légères, nous redescendons en profitant du paysage et des échoppes qui jalonnent le parcours. On y vend de tout : des bondieuseries et autres souvenirs de mauvais goût, en passant par des racines, des tubercules mais aussi de l’huile d ‘éléphant, des crânes de singes, des peaux de serpents, des pattes d’ours, des scolopendres, des pics de porc-épic … produis médicinaux dont sont friands les asiatiques et surtout les Chinois.
Jus de canne fraîchement pressé
Cette fois-ci nous ne feront pas la descente dans la cabine du camion mais dans la bétaillère. Mieux vaut avoir les fesses bien rebondies et ne pas craindre les hématomes. Nous sommes charriés dans tous les sens car il est difficile de trouver un endroit où s’accrocher.
Nos porteurs
Puis les transports s’enchainent : 1h30 de bus jusqu’à Thaton. Sur la porte du bus est affichée une série de portraits d’Aung San Suu Kyi et de son père, chose impensable il y a encore quelques temps. Le chauffeur et son assistant mâchent continuellement des feuilles de bétel aux propriétés antiseptiques, vermifuges et coupe-faim et crachent sans cesse de généreuses giclées de salive rouge.
Bus vers Thaton
Aung San Suu Kyi et son père
Camionette pour Hpa An devant la pagode de Thaton
Puis 1h30 dans une camionnette vers Hpa An serrés comme des sardines dans une chaleur suffocante. Nous traversons des forêts d’hévéas et sommes désormais dans l’Etat Karen. Les militaires sont très présents dans cette région et nous devons présenter nos passeports à plusieurs reprises aux check points. Lorsque des pics karstiques apparaissent peu à peu, nous savons que nous touchons au but final : Hpa An. Nous ne sommes qu’à 70 km de la Thaïlande.
rangoon - kyaik hti yo
Tôt le matin, nous nous rendons en taxi dans la tentaculaire gare routière située à 15 km au nord de Rangoon. Une véritable petite ville où il est impératif de se faire déposer directement sur le quai de son bus. Pour nous se sera celui pour Kinmon, camp de base et passage obligé pour atteindre Kyaik Hti Yo ou « le Rocher d’Or ». Une chose a bien changé depuis notre dernière visite : l’état des routes. Fini les routes défoncées interminables, aujourd’hui elles sont bitumées et très confortables. Après nos 4 premières heures de route pour Kinmon, nous montons ensuite à bord d’un camion qui nous conduit par une route de montagne très étroite en lacets, jusqu’au point de départ du « trek » menant au Rocher d’Or. Une cinquantaine de pèlerins sont déjà entassés dans la benne du camion pleine à craquer. Le chauffeur nous fait monter dans la cabine, place généralement réservée aux moines. Et c’est tant mieux pour le confort car la route est vraiment hyper hard.
Camion pour le Rocher d'Or
Après à nouveau 45 minutes de rodéo-truck, nous sommes loin d’en avoir fini car les choses sérieuses commencent. Soit nous avons complètement surestimé nos capacités physiques, soit nous avons naïvement sous-estimé la difficulté du parcours restant… ou alors les deux ! Toujours est-il que nous entamons la montée avec un aplomb absolument démesuré et 20 kilos de bagages sur chaque dos… Une heure de grimpette sur une route de raidillons extrêmement pentus de plus en plus durs à gravir au fur et à mesure de l’ascension… bienvenus en enfer, surtout sous ce soleil de plomb. Au deux tiers du parcours, au bord du malaise, nous ravalons notre fierté et acceptons l’aide de porteurs redescendant du sommet… une délivrance ! (en fait nous sommes les seuls à avoir refusé leurs services avant la montée, bien fait pour nous !). Mais même délestés de nos fardeaux, le dernier quart d’heure de montée nous paraît interminable. Epuisés et trempés de sueur, nous atteignons enfin notre hôtel. L’endroit se mérite.
Une petite pause d’une heure allongés au frais et nous voilà requinqués pour continuer vers ce fameux Rocher d’Or à seulement 10 mn de l’hôtel. Le nombre de pèlerins venant de toute la Birmanie et des pays voisins est insensé. Il règne ici une ferveur intense. Les gens viennent sur l’esplanade du rocher pour méditer et prier mais aussi pour piqueniquer en famille dans une ambiance de kermesse. Beaucoup d’entre eux passent la nuit dans l’une des nombreuses petites pensions réservées aux pèlerins. C’est le Lourdes birman et l’un des sites les plus sacrés du bouddhisme avec la pagode Shwedagon de Rangoon et le Mont Popa près de Bagan.
Esplanade du Rocher d'Or
La vue du haut de la montagne à plus de1000 mètres d’altitude dévoile un somptueux panorama mais la vraie star ici, c’est le rocher. Doré à la feuille d’or par les pèlerins masculins, il mesure 7 mètres de haut et est coiffé d’une flèche de la même taille. Cette dernière abriterait un cheveu de Bouddha, c’est pour cela qu’il tient en équilibre sur son promontoire, si si ! Chacun dépose ses offrandes (cloches, fleurs, fruits…), allume des bougies ou brûle des bâtonnets d’encens dans les oratoires et les autels tout autour. Les femmes n’ont pas le droit de s’approcher à moins d’une dizaine de mètres du rocher, cela porte malheur.
Nonnes
Au soleil couchant, l’atmosphère se charge au maximum de spiritualité jusqu’à devenir envoutante. Au bout de trois heures de contemplation, nous empruntons le chemin du retour illuminé d’innombrables guirlandes et de spots lasers multicolores, une vraie ambiance de fête foraine.
Hommes collant des feuilles d'or
sittwe - rangoon
En fin de matinée nous retournons à Rangoon en 01h30 d’avion (au lieu d’un jour et demi par la route !). Nous nous rendons en fin d’après-midi à la plus belle pagode du monde : Shwedagon. C’est la deuxième fois que nous la visitons mais l’émerveillement et l ‘émotion sont restés intacts. Au coucher du soleil, l’immense stupa haut de 100 mètre et doré de 700 kg d’or se mordore, ainsi que les temples et autres pagodons qui l’entourent. La nuit venue c’est une véritable féérie de lumières et de guirlandes colorées qui apportent encore un peu plus de magie à cet endroit exceptionnel où règne une intense ferveur. Difficile de se décider à quitter les lieux tellement le charme opère.
Pour visualiser les photos de jour, cliquez sur le lien suivant : http://birmanie2003.canalblog.com/
mrauk u - sittwe
Nous redescendons à nouveau la rivière Kaladan en compagnie de notre adorable capitaine, Aung Saw, fils du propriétaire du bateau, sous un soleil éclatant jusqu’à Sittwe. Pas l’ombre d’un nuage depuis que nous sommes en Birmanie.
Aung Saw à la barre
Le soir, nous faisons une véritable expérience culinaire au restaurant de l’hôtel Shwe Tazin dans lequel nous logeons. Nous dégustons crevettes et calamars cuisinés de différentes façons toutes meilleures les unes que les autres. Un mélange subtil de saveurs indiennes et thaïes explose en bouche, la cuisine birmane résulte du métissage culinaire de ces deux pays voisins en toute cohérence… et c’est divin ! Ce restaurant qui ne paye pas de mine restera notre préféré de tout le voyage.
villages chins
8 heures du mat’, nous effectuons dans un premier temps un trajet de 45 mn en tuk-tuk sur une piste infernale jusqu’à l’embarcadère, où nous attend un petit bateau. Nous sommes partis pour 2h30 de navigation sur la rivière Lemro jusqu’aux villages Chins. Au bout d’une heure nous faisons une petite halte et débarquons au beau milieu d’un marché installé sur les rives. Haut en couleurs et en personnages cette escale à de quoi ravir plus d’un photographe.
Embarcadère
Marché au bord de la rivère Lemro
Nous voila repartis pour le point d’orgue du jour : les villages Chins et leurs femmes au visage tatoué. Il n’est possible d’y accéder que depuis 2 ou 3 ans. Nous avons la chance de pouvoir visiter deux de ces villages.
Les villages sont très typiques et d’une propreté exemplaire. Toutes les maisons sur pilotis sont construites en bambou, à l’ombre de grands arbres. Nous avons même eu la chance de visiter une école. Une seule et unique pièce dans laquelle enseignent trois instituteurs devant six tableaux noirs, un pour chaque classe. Un joyeux capharnaüm.
Villages Chins
Ecole du village
Le cérémonial est identique dans les deux villages : ce sont ces femmes en question qui viennent nous accueillir en nous serrant les mains très chaleureusement. Agées d’un peu plus d’une cinquantaine d’années, elles ne sont plus qu’au nombre de six ou sept par village car - fort heureusement- cette pratique a cessé depuis 46 ans. Leurs visages, magnifiques sont tatoués du même motif géométrique. Mais sous cette beauté singulière, se cache une page absolument atroce de leur histoire.
Les jeunes filles chins étaient réputées pour être les plus belles et attiraient ainsi les convoitises des hommes appartenant aux ethnies voisines qui les enlevaient. Afin d’éviter les rapts, les Chins ont trouvé la solution d’enlaidir les petites filles dès l’âge de 8 ans en leur tatouant l’intégralité de leur visage. Une seule et unique personne du village était habilitée à exercer cette pratique. Elle utilisait une simple aiguille qu’elle trempait dans un mélange d’écorces d’arbres et de suie.Deux jours étaient nécessaires pour tatouer l’ensemble du visage. Après le premier jour, une fois la moitié du visage tatoué, les petites filles s’enfuyaient afin de ne pas subir les horribles douleurs du lendemain. On les rattrapait, on les attachait et la seconde journée de torture pouvait commencer. Les effets étaient immédiats : leur visage était tellement tuméfié qu’il ressemblait à un ballon de baudruche prêt à éclater. L’infection gagnait, elles étaient prises de violents maux de tête, la fièvre s’installait… 65 % d’entre-elles moururent de septicémie. Quant aux plus robustes, elles devaient lutter contre la douleur et ne pouvaient se nourrir qu’avec une paille et ce pendant plus d’un mois, leurs visages étant difformes et boursouflés.
Même si on admire aujourd’hui leurs visages si particuliers, on ne peut cependant pas ignorer toutes les souffrances endurées. Ce traumatisme de l’enfance n’altère pourtant en rien leur gentillesse naturelle (rien n’est monnayé ici mais on peut laisser un don pour l’école du village). A la fois tactiles quant elles vous caressent doucement le bras, affables et discrètes, ces femmes très attachantes sont ravies de la visite des étrangers. Un moment authentique (non ce n’est pas encore un « zoo »), furtif mais intense que nous ne sommes pas prêts d’oublier.
mrauk U
Nous débutons notre périple à vélo par la boucle Est et le fameux temple-forteresse « Ko Htaung » qui déroule un labyrinthe de corridors ornés d’images bouddhiques. Un nombre incalculable de pagodons et de stupas -datant du XVI e Siècle- surgissent à chaque détour de notre chemin au beau milieu de villages pittoresques. Une balade enchanteresse. Juste avant d’arriver à la pagode Sakya Manaung, dotée d’un superbe stupa à la silhouette effilée, nous croisons plusieurs chars à bœufs moyenâgeux mais si typiques des campagnes birmanes.
Temple-forteresse « Ko Htaung
Pagode Sakya Manaung
Nous continuons par la boucle sud et entamons l’ascension du point le plus élevé de Mrauk U sous une chaleur accablante (il n’est pourtant que 10h du mat’) vers la pagode Shwe Daung et son stupa doré. Vue imprenable à 360 ° sue les lacs, les méandres de la rivière et les collines environnantes coiffées de stupas… notre effort sera grandement récompensé.
Vue de la pagode Shwe Daung
Après la visite de la pagode Zinu Manaung cernée de frangipaniers, nous nous rendons au marché dans le centre du village. Ambiance bon enfant, les vendeurs (et surtout les vendeuses) sont loin d’être farouches car on nous a arrangé nos mariages avec des poissonnières ! Etals de légumes colorés, innombrables fleurs comestibles, poissons séchés. Les Birmans n'étant pas très grands, les bâches formant le toit qui protègent les étals sont de ce fait très basses. Nous sommes obligés de nous recourber en permanence mais cela ne nous empêche pas de nous prendre les armatures de bambou en pleine tête.
Pagode Zinu Manaung
En route vers le marché
Petites gargotes de restauration au marché
Fleurs comestibles
13h00. Il est temps de penser à nous remplir l’estomac. Nous nous rendons à l’ Happy Garden Restaurant, une superbe adresse tenue depuis deux ans par Ko Min Cho, un monsieur hyper gentil. La cuisine y est excellente notamment la salade d’aubergines grillées à la façon Arakanaise… c’est-à-dire très pimentée et exclusivement pour les palais avertis ! De plus le cadre est des plus agréables avec une terrasse ouverte sur pilotis. Au fil de la discussion avec Ko Min Cho, il nous apprend que deux de ces filles sont à l’université : sachant qu’un mois de scolarité revient à 100 euros par étudiant, que l’année scolaire dure 8 mois et que chacune de ses filles est partie pour 4 années d’études, le calcul est vite fait : 6400 euros ! La note est catastrophique pour un porte-monnaie birman, une véritable fortune !
Ko Min Cho et son neveu à l’Happy Garden Restaurant
Le ventre plein, nous remontons sur nos bicyclettes sous une chaleur étouffante mais surtout la prochaine pagode à visiter est au sommet d’une colline. Qu’à cela ne tienne, c’est idéal pour la digestion. La vue du Hari Taung est imprenable sur le village et les pagodes de l’ouest.
Cet après-midi, nous pédalons dans la boucle nord qui recèle les plus beaux et les plus imposants monuments de Mrauk U. Comme le temple-forteresse de Shit Htaung aux 8000 reliques et aux trois étroites galeries concentriques, ornées de bouddhas et de bas reliefs menant au sanctuaire principal qui abrite un bouddha de 3 mètres. La vue du temple est fabuleuse sur les autres édifices religieux avoisinants.
Hari Taung
Juste en face, le très austère et massif temple-forteresse Htu Kan Htein coiffé d’une immense cloche noire. L’intérieur invite à un parcours concentrique en spirale ascendante aboutissant à la chapelle centrale.
Htu Kan Htein
A quelques centaines de mètres se dresse le plus ancien temple de Mrauk U : Myet Hna et le magnifique temple de la relique de la dent construit en 1596, Andan Htein.
Myet Hna
Monastère
Andan Htein
Nous enchainons les kilomètres à la découvertes d’autres édifices, sans cesse émerveillés par leur beauté. De plus, la lumière du soleil couchant apporte une bonne touche de magie. Hormis le fait que Seb se soit encastré avec son vélo dans un trishaw lors du passage délicat d’un pont en bois et que nous avons failli nous faire piétiner par un char à bœufs (toujours sur nos vélos…), c’est fourbus mais tellement ravis de cette journée que nous rentrons à la tombée de la nuit à notre bungalow après 10 heures de visite et une quinzaine de kilomètres parcourus.
Chars à boeufs et calèche
La nuit venue, la plupart des véhicules n’ayant pas de phares, la solution consiste à assoir une personne sur le capot de la voiture avec une lampe torche et le tour est joué ! Idem pour les camions bourrés à craquer : ce sont les passagers qui guident le chauffeur ! Bonjour l’ambiance ! Et ça rigole en plus !
sittwe - mrauk U
Ce matin, en ouvrant les rideaux de notre chambre… cauchemar ! Un remake du film « Les oiseaux » d’Hitchcock en remplaçant les oiseaux par des centaines de chauve-souris rousses aux ailes noires. Des grappes entières de bestioles suspendues aux arbres ! Elles mesurent plus d’un mètre d’envergure ce qui rend leur vol très impressionnant et elles se chamaillent dans les arbres en poussant des cris stridents. Beurk… il est temps de quitter la ville…
Chauve-souris
5 heures de navigation à bord d’un gros bateau familial transportant marchandises et passagers pour parcourir 70 km jusqu'à Mrauk U.
Port de Sittwe
L’arrivée dans « la cité des collines » est irréelle ! Les sommets coiffés de pagodes et cette lumière extraordinaire confèrent au site une atmosphère particulièrement envoutante. Mais la région est très pauvre, les villageois vivent sans eau courante ni électricité dans de petites maisons végétales entourés de leurs cultures et de leurs bêtes.
Arrivée à Mrauk U
Moine marin
Nous louons immédiatement un vélo afin de visiter l’ouest du village. Les routes sont caillouteuses et les chemins de terre truffés de nids de poules… vigilance afin d’éviter toute chute. Une fois de plus les villageois sont très accueillants et nous lancent des « mingalabas ! » enthousiastes à notre passage. Monastères, pagodes, points de vue superbes au sommet des collines pour admirer le coucher de soleil et déjà 8km de vélo dans les pattes, histoire de nous mettre en jambes pour demain.
Mrauk U
Monastères, temples et pagodes
Vue d'une colline au coucher de soleil
ngapali - sittwe
Vol matinal pour Sittwe via Rangoon. En Asie, tout est si simple : à peine sortis de l’avion, qu’on nous propose déjà un bateau à destination de Mrauk U, notre prochaine destination. Rendez-vous est pris pour le lendemain à 08h00 !
Pas grand chose à voir à Sittwe, ville de 150 000 habitants à l’allure de gros village. Quelques édifices d’architecture coloniale défraîchis et une flopée de vélos et de trishaws. Aujourd’hui, on se croirait vraiment au Bangladesh, distant de seulement 100 bornes. D’ailleurs ici, beaucoup de Birmans ont la peau très foncée voire noire. Quant aux jarres métalliques servant à transporter l’eau, elles proviennent du Bangladesh voisin et ont définitivement remplacé celles de Birmanie en terre cuite.
Seul le marché central mérite le détour : on y retrouve les gros poissons séchés entiers et découpés en lamelles si typiques au Bangladesh. Pour profiter d’un beau coucher de soleil, rendez-vous au View Point, une langue rocheuse face au golfe du Bengale, à l’entrée d’un immense bras de mer et de la rivière Kaladan : un endroit kitsch et désuet à souhait pour savourer une bonne Myanmar Beer, assis sur des chaises en plastique rouges très « tendances » (nappes assorties). Un trishaw nous ramène dans le centre au prix d’efforts physiques surhumains du petit gringalet dégoulinant de sueur qui peine à ramener sa lourde charge de 150 kg (ça le change des standards birmans !)
Sittwe est réputée pour ces délicieuses et énormes crevettes et nous pouvons le confirmer : le dîner fut une tuerie.
Marché de Sittwe
Jeunes serveurs au View Point
ngapali - village de lin tha
ngapali - village de lone tha
Tôt le matin, nous embarquons dans un tuk-tuk collectif en direction du village de pêcheurs de Lone Tha. Nous empruntons la seule et unique route qui longe la côte. Le contraste est saisissant : côté mer, les resorts de luxe, de l’autre, des petites maisons sur pilotis de bois et de bambou très sommaires et brinquebalantes. Sachant que 90% de la population vit avec 0.50 euros par jour, le fossé est ici monstrueux entre le côté touristique et le côté local. Pourtant, les villageois sont souriants et nous saluent mais ils sont à la fois réservés voire timides. Le peuple Birman est réputé pour être le plus honnête et le plus accueillant d’Asie, c’est peu dire.
Lone Tha est un village du bout du monde : des maisons de pêcheurs sous les cocotiers, de petites échoppes rustiques, un petit marché et surtout la plage où les hommes, qui ont pêché toute la nuit, débarquent leurs poissons que les femmes vont se charger de trier et faire sécher sur d’immenses bâches bleues. Le spectacle est au rendez-vous, les couleurs aussi. Les jeunes, le visage enduit de thanakha, jouent au chinlon (sorte de volley ball joué avec les pieds en utilisant une petite balle en rotin tressée), tandis que les anciens fument leur cheeroot, cigare local. Malgré la pauvreté ambiante, on ressent une certaine douceur de vivre dans ce bel et paisible endroit.
Village de Lone Tha
Marchand de ballons
Retour de pêche
Pêche au calamar fructueuse
Bateaux équipés de lamparos
Séchage des petits poissons
Moines
Marché de Lone tha
rangoon - ngapali
Ce matin nous prenons l’avion pour Ngapali à 45 mn de vol. S’il avait fallu nous y rendre par voie terrestre, cela nous aurait demandé pas moins de 18 heures.
Ngapali est renommée pour ses superbes plages bordées de cocotiers, une eau à 27°C et ses hôtels de luxe. Nous avons décidé de nous reposer ici avant de commencer notre périple, face au golfe du Bengale.
Plage de Ngapali à marée basse